Hier, en revenant de l'étang, Fon m'a arrêté
au bord de la route devant une maison sans rien de particulier. Sinon
quelques plantes devant. Un homme avec une queue de cheval est sorti et Fon m'a dit qu'on
allait acheter des citronniers. Très bien. Il y avait des
citronniers à gros citrons, d'autres à moyens citrons, d'autres
encore à petits citrons. Il fallait croire l'homme sur parole, car
aucun citron n'était en vue, pas même sur des arbres à très
petits citrons. Ni à très gros citrons - ils auraient dû être visibles.
L'homme à la queue de cheval parlait étonnamment bien l'anglais, ce qui m'a tout de suite rendu suspicieux. J'ai demandé au bout de combien de temps nous aurions des citrons. Huit mois, a répondu l'homme – ce qui m'a paru bien peu.
L'homme à la queue de cheval parlait étonnamment bien l'anglais, ce qui m'a tout de suite rendu suspicieux. J'ai demandé au bout de combien de temps nous aurions des citrons. Huit mois, a répondu l'homme – ce qui m'a paru bien peu.
Fon a choisi deux citronniers (ton
manao), elle a acheté du terreau. J'ai tenté de faire une
plaisanterie, en demandant si maintenant, on pouvait acheter deux
arbres à vodka (ton wodka), mais ma plaisanterie n'a eu aucun
succès : ces barbares s'imaginent que je fais pousser du
citron pour arroser mon Khao pat Kai, ils ne connaissent pas le lien
organo-tellurique qui lie la vodka au citron vert. Après une explication de
Fon, l'homme s'écrie : « alors vous êtes russe ! »,
moitié interrogatif. Vexé, j'adopte l'air impénétrable du bonhomme de Line :
Et nous voilà repartis.
J'ai demandé quand on planterait les
arbres. Fon m'a dit « ce soir ». Mais le soir, un couple
d'amis est passé, et nous n'avons rien planté, nous nous sommes
contentés de boire de la vodka avec les citrons cueillis sur l'arbre du frère de Fon.
Ce matin, j'ai demandé à Fon quand
elle allait planter les ton manao.
- Ce soir a-t-elle répondu.
- Mais pourquoi ?
- A cause du soleil.
- Il n'y a pas de soleil. C'est la
saison des pluies.
Je n'ai pas voulu citer l'ecclesiaste
[11-6] : Dès le matin, sème ta semence…,
car j'ai remarqué qu'elle n'était pas très concernée par
l'ancien testament.
Finalement, on a planté les citronniers le matin – quand même selon
l'ecclésiaste.
Je les
ai trouvés très petits, ces arbres. J'ai dit à Fon qu'il faudrait
sans doute attendre bien plus de huit mois avant de voir le premier
citron.
- Un
an, tu penses ? Plus ?
Je lui
ai expliqué qu'en réalité, on avait acheté des arbres à papayes. Peut-être même des arbres à fraises.
- Je
sais quand même ce que c'est, un arbre à papayes. J'en ai planté
deux de l'autre côté de la maison, répond Fon, offusquée.
Je
prends l'air fin et entendu, et je lui glisse qu'alors, si ce ne sont
pas des arbres à papayes, il s'agit forcément d'arbres à
éléphants. Elle me regarde d'un air dubitatif...
A la
fin, elle
me
demande
d'aller chercher deux vieux pneus dans le garage de son frère. Elle
a installé les deux pneus. Voilà, maintenant, si tu viens, tu
verras comme c'est joli, les citronniers au milieu de deux pneus dans
le jardin. Ça
tombe bien, ils sont du côté par où on arrive. On les voit tout de
suite.
Je me demande si je ne vais pas en mettre dans la maison...
Je me demande si je ne vais pas en mettre dans la maison...
J'en parle à Fon. Elle me dit qu'on peut, mais qu'on aura peut-être des problèmes avec les éléphants.
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