samedi 26 août 2017

Elephant man, ou le zizi de papa


Tu t'es vu quand t'es nu...!

Je me promène généralement en slip dans la maison étant donné la température, rarement en dessous de 28 degrés. Je reconnais : ce n'est pas très digne. Mais c'est le seul moyen de survivre à cette chaleur. Et quand je reviens de la douche ou quand je me mets au lit, je suis carrément à poil.

Il se trouve que Nam (qui vient d'avoir deux ans) regarde mon zizi avec beaucoup d'étonnement. Je peux le comprendre : nous ne sommes pas équipés pareil. Et sa mère non plus, sinon ce ne serait pas sa mère mais sa tante, et sa tante ne pourrait pas être sa mère pas plus que son oncle, enfin bref, je me comprends.

Donc Nam s'étonne. Une fois. Deux fois. Dix fois. J'ai le sentiment d'être éléphant man. Ne crois pas que je sois en train de me vanter. Je veux juste dire qu'elle me regarde comme une curiosité à la limite du monstrueux.

Et ça dure. Depuis maintenant plusieurs semaines. Je lui ai expliqué plusieurs fois : les garçons ont des zizis, les filles ont des coquillages. J'ai passé la famille en revue et je lui ai dit : untel a un zizi, unetelle a un coquillage. Mais la différence entre le masculin et le féminin semble encore très floue. Aux dernières nouvelles, selon elle, son grand-père à un coquillage et sa grand-mère un zizi. Je pense que c'est faux. Sinon, on m'aurait vraiment caché des choses.

Rien de très étonnant à tout cela. Elle est encore jeune. Mais elle continue de me… dévisager, chaque fois qu'elle en a l'occasion. Elle devrait être habituée, là, non ? Autant que je me rappelle, mes ex ont mis beaucoup moins de temps à s'y faire.

Mais surtout, il y a quelque chose qui me… turlupine. Je sors de la douche dans le plus simple appareil après avoir mis la serviette à sécher. Je croise Nam. Elle regarde avec attention. Et elle rigole. Oui, elle rigole ! Il y a quelque chose de malicieux dans son regard et dans le ton de sa voix quand elle désigne l'objet du délit en disant "zizi… zizi de papa…"

Comment se fait-il qu'elle associe le sexe à quelque chose de rigolo, quelque chose qui sort du champ neutre de la vie quotidienne ?

Fon est étonnée, elle aussi. Je suis certain qu'elle ne lui a rien dit de particulier. Et pareil pour le reste de la famille. Les thaïs que je connais, la famille de Fon, tous sont très pudiques pour ce qui est du sexe (et d'ailleurs moins pour ce qui touche aux excrétions). Parler des génitoires est "maï soupape" - oui, "soupape" veut dire "poli", c'est drôle, non ?

Il se pourrait même que la nudité soit plus qu'indécente : insultante aux yeux des thaïs. J'ai souvenir d'un compagnon de pêche (anglais, mais connaissant bien le pays) m'incitant à ne surtout pas me changer parce que nous avions accosté à trois cent mètres d'un temple bouddhiste.

En tout cas je serai prudent dans ma conclusion. En observant ma fille, il me semble que de manière spontanée, le sexe est associé à quelque chose de rigolo. Est-ce parce qu'elle sent un vague interdit, qui serait balisé par ses grands parents ou sa mère ? Mais comment baliser quelque chose dont on ne parle pas, même furtivement, et qu'on ne montre pas ? Je suis la seule personne dont elle a vu le zizi. Nam n'a aucune raison de faire des recoupements entre ses découvertes anatomiques et ce que lui font sentir ses grands parents.

Donc le rire serait fondamentalement associé au sexe ? Nous serions pré-cablés pour rire de la gaudriole ?

Enfin moi, je vais finir par trouver ça gênant. Et si ça continue, je vais finir par planquer les bijoux de famille !

Caca-prout-cul-bite : LOL !


vendredi 11 août 2017

Mon oeil !



Lèèèèèèèo !

Il ne se passe grand-chose à Don Chomphu. Fon passe ses journées dans une école de conduite et je vais me baigner avec Nam dans un étang pas très loin.

Dans la voiture, je m'amuse avec elle à dire "lèo". Non, nous n'invoquons pas le nom d'une bière locale bien connue. Lèo est un mot thaï qui contient l'idée de d'accomplissement révolu, et permet donc de conjuguer des verbes au passé. Khao pai lèo veut dire : il est déjà parti.

Mais le "lè" de lèo est une syllabe longue avec un accent haut (qui ne descend pas). Si on habite la Thaïlande depuis quelques mois, on a forcément remarqué l'enthousiasme avec lequel les thaïs prononcent ce mot. En ouvrant grand la bouche, en insistant. C'est très curieux, cette petite jouissance qu'ils ont. Ils disent en fait :
paille Lèèèèo !

Alors Nam et moi, on les imite sans vergogne et ça nous fait bien rigoler.

Un autre truc qui me fait rire et qu'on remarque facilement, c'est le mot : l'œil. Je l'écris de cette manière pour qu'il n'y ait pas d'ambigüité sur sa prononciation - car c'est exactement comme ça qu'il se dit. En fait, on devrait plutôt écrire "lei", mais on est alors tenté de mettre un accent sur le "e".

Le problème, c'est que ça ne veut rien dire, l'œil. C'est juste un mot de renforcement (sauf dans l'expression pai l'œil, qui veut dire dépasser). Gros et agaçant mystère. Fon dit par exemple à Nam : yagn l'œil ! ce qui veut dire "arrête". Mais elle pourrait tout aussi bien dire yagn tout court. L'œil n'est là que pour se faire voir….

Ce qui m'attriste, c'est qu'on ne puisse pas dire paille l'œil Lèèèèèo. Apparemment, ça ne veut rien dire. Dommage ! Faudrait peut-être que je leur enseigne quelques tours, aux Thaïs !