lundi 14 novembre 2016

Le thaï moyen plus malin que le français moyen ?

Qui peut répondre ?


Tous les français… moyens disent le contraire !

Comme ils sont nombreux à le dire, je me sens obligé de traiter du sujet. Même s'il me met mal à l'aise. C'est un sujet sensible qui peut dégénérer nauséabond. Et puis je suis l'hôte des thaïs, assez bien accueilli, je me sens donc des obligations, outre que j'ai du respect pour eux.

J'ai le souvenir précis de ce que disait un français féru de mécanique : "Tu sais, quand ils poussent sur le bouton du démarreur, ils ne se demandent pas ce qu'il y a derrière. Ils ne cherchent pas. Ils n'ont aucune curiosité. Pour eux, les choses se font par l'opération du saint-esprit."

J'entends dire aussi que les thaïs n'ont pas de logique, qu'ils n'abordent pas les problèmes avec méthode et rationalité. Et de manière très crue, qu'"ils sont cons".

A l'inverse, d'autres expliquent (et excusent) ces différences en parlant de culture orientale, bouddhiste, etc. : "ils sont tout aussi intelligents, mais ils ne fonctionnent pas pareil, on ne peut pas comprendre".

C'est vrai qu'en Thaïlande, il n'est pas rare que la culture fasse des croche-pied à l'intelligence. Il y a parfois de quoi être désarçonné. Garder la face est si important qu'une personne à qui on demande son chemin peut vous envoyer au diable-vauvert plutôt que d'avouer son ignorance. Ça paraît complètement fou (stupide, paradoxal, illogique),  mais c'est comme ça.

Cela dit, la plupart des farangs qui cherchent à tout prix à excuser les différences veulent simplement être gentils et polis. Il est tout à fait possible qu'on puisse mesurer des différences de performances - toutes les explications du monde n'y feront rien.

D'autres comportements nous incitent à sous-estimer les capacités des thaïs, par exemple les rapports entre particuliers et grosses compagnies. Le client est considéré comme un demandeur, auquel auquel les prestataires de service accordent avec munificence des bienfaits... qu'il doit payer. La raison du plus riche est toujours la meilleure. Les règles sont rigides, dissuasive, le client a le droit de se taire, il n'est pas forcément bien traité. Le farang en conclura volontiers qu""ils sont bêtes parce qu'ils ne comprennent même pas quel est leur propre intérêt".

Il se trouve qu'on a trouvé des différences de fonctionnement dans des mécanismes cérébraux élémentaires entre occidentaux et asiatiques. Ces différences ont été objectivées par des expériences correctement menées. C'était du genre : gérer les problèmes en faisant appel à la collectivité ou à l'individu, la gestion individuelle étant le fait de l'occidental, la gestion collective de l'oriental. Malheureusement, je n'en ai plus le souvenir précis, ni la référence.

Il y a des différences dans les mécanismes cérébraux. Il pourrait aussi y avoir des différences entre les performances des uns et des autres. Qu'en est-il réellement ?

La première chose à rappeler, c'est qu'on parle bien là du thaï moyen. Il y en a forcément de très bien formés, très compétents, très curieux, très intelligents. Ils ne sont pas l'objet de ce post.

Ensuite, il y a un biais dans la manière dont on aborde le problème. En tant qu'étrangers, nous n'avons pas accès à des niveaux socio-culturels équivalents à ceux auxquels nous avions accès en France. Nous sommes par définition des déclassés dans la société thaïe. Nous n'intéressons personne - je parle d'intérêt personnel, pas d'intérêt financier. A part dans certains cas, pour des questions de prestige, on n'invite pas les farangs dans les cercles éclairés. Nous fréquentons donc souvent des classes que nous ne fréquenterions pas forcément autrement, classes souvent défavorisées sur le plan culturel et intellectuel.

En France, il n'y a plus que 4% de paysans - encore sont-ils en général aisés - rien à voir avec le fermier local qui cultive dix raïs de riz. Nos "ex" françaises étaient rarement des filles de pauvres paysans. Les femmes de l'Isan qui sont maintenant nos compagnes sont souvent des filles d'agriculteurs : décalage. Là encore, notre appréhension des caractéristiques de la population est biaisée.


Séchage du riz dans l'Isan. C'est con, dans un quart d'heure, il va pleuvoir, il faudra tout ramasser. Dommage, on n'a pas regardé la météo...

Revenons à notre mécano. Les thaïs ne sont pas les seuls à ignorer les arcanes de la bobine électrique qu'on trouve à l'intérieur du démarreur d'une moto. Je ne voudrais pas dire, mais… beaucoup de françaises n'y trouvent pas un intérêt majeur… et sont plus malignes que ce mécano.

D'ailleurs, le manque de curiosité qu'il reproche aux thaïs, on pourrait tout aussi bien lui reprocher : il ne connaît pas les lois de Faraday, il ne s'intéresse pas aux champs électro-magnétiques, il n'a aucune idée du fonctionnement quantique des électrons. Etc. Mais on ne peut par jeter simplement sa remarque par-dessus bord car c'est un hôte régulier de la Thaïlande depuis une bonne douzaine d'années, et il est très observateur.

Alors ?

J'ai peut-être une explication.

Quand j'ai lu le livre de Steven Pinker, The Blank Slate (livre remarquable dont je parle ici), j'ai été très impressionné par les pages qu'il consacre à l'évolution du QI dans la population occidentale. On observe en effet une augmentation de 20 points du QI moyen en un siècle. Toutes les épreuves sont concernées par cette augmentation, y compris celles qui sont saturées en "facteur g" : il ne s'agit donc pas d'une augmentation du QI due à une élévation du niveau des acquisitions, il s'agit bien d'une augmentation des performances intellectuelles.

En conséquence, on a dû décaler la notation, pour que 100 corresponde toujours à la moyenne (je passe sur les discussions sur la question des écarts-types). Un type qui performait à 120 au début du siècle dernier serait placé au ras de la moyenne aujourd'hui.

Or je n'ai pas entendu que du bien des écoles thaïes. Et de manière générale, il me semble que le mode de vie thaï n'invite pas à l'intellectualité, à la contestation et à la spéculation. La structure et le niveau culturel de la population sont semblables à ce qu'elles étaient il y a un siècle en occident : campagnes françaises reculées d'autrefois, Middle West... Je ne serais donc pas étonné qu'il y ait une réelle différence de niveau intellectuel moyen mesurable entre thaïs et farangs du fait des différences entre leurs organisations sociales respectives, l'une pouvant être considérée comme archaïque par rapport à l'autre.

Mais il ne s'agit que d'une hypothèse. Pour la vérifier, il faudrait faire passer des épreuves de QI sur des échantillons de population comparables, après adaptation des outils psychométriques à la culture thaïe. Un gros travail.

En tout cas, selon cette hypothèse, la différence que certains constatent empiriquement n'aurait rien de génétique. L'intelligence est aussi un produit culturel.


L'avenir de la Thaïlande passe par la promotion de la qualité de son système scolaire. A l'école thaïe, j'ai retrouvé l'addition, la soustraction... mais qui a volé l'abstraction ?



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