lundi 13 février 2017

Jardins de Thaïlande : le désert dans la jungle ?


Avec son œil vairon, c'est un dieu suave, tout en douceur... Je sais, ça ne vaut pas Arcimboldo !


Il y a quelque chose qui m'étonne en Thaïlande : c'est l'absence de fruitiers dans les jardins.

En France, chaque jardinet a son pommier, son cerisier, son prunier, son noyer ou son figuier. Et pour ceux qui ont les pouces verts, beaucoup plus.

Ici, les gens sont industrieux… pourtant je ne vois pas grand-chose pousser derrière les maisons. Oui, de la papaye qui croît à toute allure - c'en est même incroyable. Des bananiers - à ce qu'on m'a dit, ils ne poussent pas tout seuls, il faut leur donner quelques soins et les couper tous les ans. J'ai vu aussi des citronniers. Et une fois, des ananas dans un hôtel.

Peu de goyaves et de fruits de la passion, qui montent comme du chiendent en Martinique. Jamais de litchis, rarement leur équivalent local, le gnô : le truc rouge à gros poils qui ressemble au virus de la grippe vu au microscope électronique. Pas d'orangers - que j'imaginais naïvement pousser sous tous les soleils.

Je m'étonne de la rareté des manguiers : sont-ils vraiment adaptés ici ?

Il existe d'autres fruits exotiques que je ne trouve pas très bons. Est-ce par manque de familiarité que je ne les aime pas beaucoup ? Ou bien comme personne ne les aime en Europe, on ne les importe pas ? La poule et l’œuf...

Dans certaines régions, au nord de Phetchabun, on cultive des fraises qu'on envoie par avion en Amérique, pour agrémenter d'un paradoxe les brunch(e)s des Marriott, Hyatt et autres Sheraton en plein hiver. Elles ne sont pas moins chères que les espagnoles qu'on trouve en France, et tout aussi inégales - mais en cherchant sur place, on peut bien tomber.

Dans les jardins thaïs, on trouve des arbres avec des feuilles ou des lianes comestibles - parfois très âcres. J'ignore si ce sont des cultivars, ou s'ils ont pris racine par hasard.

Le médiocre intérêt pour les fruits tient sans doute au fait qu'ici, on ne termine pas le repas sur un fruit ou une note sucrée - d'autant que le sucre participe souvent à la confection du "plat principal".

Possible aussi que je n'aie pas vraiment compris comment fonctionne le jardinage en Thaïlande, comment il participe de la culture - au sens figuré.

Mais l'absence de manguiers me plonge dans la perplexité… et la frustration ! Mangue-julie, mangue-carotte, mangue-banane, mangue-térébenthine - où sont les variétés de ma jeunesse ?

Bien sûr, ce n'est pas la Thaïlande, c'est la région où Gérard de Nerval a écrit "Les Filles du Feu" - mon ancien jardin.

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