samedi 21 avril 2018

C'est aussi ça la Thaïlande !


Le matin, au balcon. Il y a du grain, forcément, le jour se lève à peine. Je prévois qu'il va faire beau (comme tous les jours...)

L'autre jour au Big C (c'est l'enseigne Casino rachetée par un thaï), Nam fait un caprice : elle exige de porter les bouteilles de shampoing, les savons, les tubes de dentifrice… et je n'ai pas résisté. Il faut dire qu'elle est équipée d'un appareil à normo-sons tout à fait remarquable, et qu'elle peut faire rendre gorge à des adversaires très aguerris. Après tout, si cela lui fait plaisir… Arrivée à la zone de jeux, elle laisse discrètement tomber le sac pour monter sur une baleine électrique qui zone entre une voiture de sport et une locomotive. Résultat, quand nous arrivons à la maison, nous ne trouvons plus les savons, ni le shampoing etc. Fon téléphone au Big C, on nous dit qu'on va chercher, Fon rappelle un peu plus tard pour s'entendre dire qu'on n'a rien trouvé.

Une semaine après, nous retournons au Big C. En entrant du côté des jeux, nous tombons sur les femmes de ménage. Comme d'habitude, Fon regimbe à demander si elles ont vu le sac. En Indonésie comme en Thaïlande, on ne demande jamais de renseignements. Par exemple, on préfère tourner une heure plutôt que de demander sa route. Tu me diras que si la personne qu'on questionne ne sait pas répondre, elle inventera n'importe quoi pour ne pas perdre la face. Exact. J'ai déjà expérimenté… et j'ai tourné une heure !

Mais Fon sait que si elle ne fait rien, je m'adresserai aux femmes de ménage avec mon thaï de vache espagnole, et elle sera obligée d'intervenir. La mort dans l'âme, elle demande. Et on lui dit qu'on a bien trouvé le sac et qu'on l'a soigneusement mis de côté en pensant qu'un jour ou l'autre, le client oublieux reviendrait ! Des femmes qui gagnent sans doute moins de deux cents cinquante euros par mois…

Autre morale de l'histoire : en Thaïlande, on ne peut jamais avoir un renseignement fiable par téléphone. L'organisation thaïe est trop "complexe" (pour être gentil) pour qu'on puisse obtenir une info sur laquelle on puisse s'appuyer. Il faut toujours se rendre sur place - pour n'importe quoi.

Cette fois-ci, il n'y a pas du grain, il y a UN grain. C'est moche, le mauvais temps ! Mais ça arrive...

Avant-hier, j'ai bien raclé le fond avec mon aileron de planche - c'est l'enfer, ces rochers devant la maison. Résultat, il est plus que… fripé. Il y a de la résine dans l'air, il faut réparer ! Mai demande au resto du coin. On lui indique un garage de moto. Nous y allons. Trois jeunes thaïs sont en train de glander. Nous montrons l'aileron : "Oui, je peux le réparer. Ce sera 1500 bahts" dit l'un des glandeurs. Soit près de 40 euros, presque le prix d'une occasion. Croyant bien faire, Mai suggère 1200 ce qu'il accepte avec enthousiasme. Mais je tourne les talons - je sais que 400 bahts est le prix maximum qu'on pourrait demander. Je pars agacé : c'est ça aussi la Thaïlande.

Le lendemain, nous demandons au chef de notre village qui nous indique un magasin sur la route de la ville. Nous y allons. Ou plus exactement, Fon y entre, et je l'ai briefée pour qu'elle en dise le moins possible, ni que c'est un aileron de planche à voile, et encore moins la propriété d'un farang. Deux minutes plus tard elle ressort et me dit que le type fera le travail pour 200 bahts - ce qui est exactement le prix "normal".

Champ de riz. Une colonie de"becs ouverts indiens" y trouve les escargots d'eau dont l'espèce se nourrit. Ici, la monogamie est la règle, mais dans les ménages polygames, le succès des couvées est plus grand car tous les parents participent...

C'est encore ça la Thaïlande. Tu me diras qu'en France, il y a aussi des gens très honnêtes. Et de très malhonnêtes. Certes. Mais en France, la mentalité ordinaire voudra qu'on embarque le sac avec le shampoing en se disant que le propriétaire l'a passé par pertes et profits, et que si on ne le prend pas, quelqu'un d'autre mettra la main dessus. En France, on raisonne, et le raisonnement sert à rationaliser la malhonnêteté. En Thaïlande, on a moins d'éducation, on se borne à suivre les principes.

Quant aux thaïs délirants qui prennent les farangs pour des billes - oui, bien sûr, j'ai les mêmes à la maison. Naguère, les sympathiques chauffeurs de taxi qui faisaient subrepticement visiter Paris aux américains, braves américains qui débarquaient à Orly et voulaient juste qu'on les conduise à leur hôtel… Mais ce n'est pas aussi systématique - le farang est l'objet de tentatives d'arnaques incessantes. Dont l'État montre le déplorable exemple en taxant trois à cinq fois plus cher toute visite dans un musée ou une ruine publique !

Toujours du balcon, le matin. Je ne suis pas encore blasé...


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