lundi 2 avril 2018

Faire ses longueurs dans un bassin de traitement des eaux usées...



Beurk ! Et pourtant, c'est possible, je l'ai fait. Même que c'est difficile d'y entrer… mais encore plus d'en sortir !
- D'en sortir ! Moi j'aurais le feu aux fesses pour quitter un endroit pareil…
- Hmm... le pétrus tout boutonneux ? Mais non : c'est plus difficile d'en sortir parce que le bord du bassin est très en pente. Mieux vaut attacher une corde à l'un des arbres qui longent la route, sinon impossible de remonter. On est comme une araignée dans une baignoire...
- Mais un bassin de traitement des eaux usées, quand même…?
 - Il ne faut pas croire…
- Et l'odeur ?
- Je n'ai rien remarqué…
- Et la consistance de l'eau ?
- Tu t'attends à quoi ? Des hot-dogs à l'étron au fil d'une eau grise et bulleuse ? Non, l'eau est opaque mais parfaitement fluide, les particules qui y flottent sont fines…
- Elles ont été broyées !
- Mais non je te dis !…

Petit retour en arrière. Je cherche sur Google Map un plan d'eau douce qui pourrait me servir de piscine. Je trouve quelques images charmantes d'un bel étang, coin nature avec un vieux pont de bois qui enjambe une île à vingt-cinq kilomètres de chez nous. C'est un peu loin, mais nous y allons - et nous nous perdons. Nous tombons sur un plan d'eau minable, avec des aires de pique-nique en carrelage - maison de maçon portugais. Au milieu de l'eau, une statue niaise, hideuse de dix mètres de haut - l'enfant caché de Mickey et Pluto. Pourtant, l'endroit n'a rien d'un parc d'attractions. Et il est totalement désert. En tout cas, il n'y a pas de petit pont : il faut encore chercher.

A force de tourner dans la zone, nous atteignons notre but. Déception ! Nuages de poussière et moteurs fumants ! Une vingtaine d'ouvriers en action. Réfection et extension de l'aire. Water-closet pharaoniques, délire cimentique et pagaille parpinesque. Tout cela doit coûter bonbon…

Pourtant, aucun touriste dans les environs, aucun promeneur. Les villes voisines sont à dix kilomètres. Pour trouver cet endroit, il faut vraiment le chercher…

Fon sort de sa réserve et s'emporte (à mi-voix...)
- C'est ça qu'on fait de nos impôts ? Près du lac où tu fais de la planche, tu te rappelles le bâtiment construit pour les touristes ? Le toit défoncé avec l'eau qui coule au milieu, l'herbe qui pousse et soulève les dalles. Pas d'argent pour entretenir… et de toute manière, aucun visiteur.

Je l'ai rarement vue si remontée. Mais elle a raison. Cette folie d'aménagements est étonnante. Des esprits malveillants soupçonneraient des ententes, des pots-de-vin. Ce qu'à Dieu ne plaise !

Dépité, je suis revenu éplucher Google Map. Je me suis rabattu sur un rectangle avec une couleur verte assez appétissant en satellite view. Dimensions plus modestes. Mais moins loin.


Nous partons en exploration. Chemin compliqué. Un vieil homme est allongé sur un hamac dans une cocoteraie. Fon lui demande la route :
- Ah oui, vous voulez aller à l'endroit pour le traitement des eaux usées ! Mais ce n'est pas terminé…

Je reconnais, les eaux usées, ça refroidit. Mais j'ai bien regardé, il n'y a aucune installation d'épuration. Aucune arrivée d'eau suspecte. Aucune odeur. Alors j'ai fait mes longueurs, et c'était bien agréable.

- Et la première photo, avec le poisson mort ?
- Prise en Chine...

En revenant, nous nous sommes (encore) perdus et nous avons demandé notre chemin.
- Ah bon ! Vous venez du bassin de traitement des eaux usées, a dit la dame. Ça fait dix ans que le projet a été suspendu faute de fonds. Il n'y a que de l'eau de pluie…

J'avoue : parfois l'impécuniosité des thaïs m'enchante.

Tu veux mon avis ? Pour le crawl, ces nouvelles piscines rondes, c'est complètement con.



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