dimanche 8 janvier 2017

Incompréhension culturelle autour d'une poêle à frire




Une omelette trop cuite, des végétaux bouillis, trois feuilles de salade, une sauce au poisson qui n'inspire aucune confiance
et qui emporte la gueule ; et surtout, du riz, encore
du riz, toujours du riz ! Heureusement, la compagnie est agréable...


Quand on va au restaurant en Thaïlande - et pas seulement les petits restaurants où l'on trouve un riz cantonais pour un euro, mais tout autant dans les hôtels pour touristes - l'arrivée des plats est espacée d'au moins dix minutes. Largement assez pour que le premier refroidisse.

En France, ce service serait vertement critiqué par les clients, habitués à ce que tout le monde commence son plat en même temps.

En Thaïlande, l'art de la table n'entrera jamais dans la liste du patrimoine culturel de l'humanité. Le repas n'est pas une cérémonie. D'abord, on peut commander à n'importe quelle heure, onze heures du matin ou quatre heures de l'après-midi. Car il n'y a que deux repas par jour, et on se nourrit quand on a faim. Et quand le plat arrive sur la table, on mange sans attendre les autres. La convivialité passe par d'autres chemins. Des gens de tous âges se réunissent autour d'une table pour consulter indéfiniment leur smartphone, et cela ne semble pas considéré comme impoli. C'est peut-être même une nouvelle forme de convivialité. Comme d'aller ensemble au cinéma : on ne se parle pas plus.

Si on y réfléchit, l'arrivée décalée des plats est un signe de qualité. La cuisine est faite au fur et à mesure. Pas de décongélation, pas de plats tout préparés. C'était ainsi en France il y a un demi-siècle, avant que les consommateurs ne fassent valoir leur souhait de commencer en même temps… et avant que les surgelés ne constituent 90% de ce qu'on sert au restaurant - c'est un ami critique gastronomique qui me l'a dit.

A la maison comme au restaurant, il n'y a qu'un feu - gaz ou électricité selon les facilités qu'offre l'endroit. Avant de partir pour Ko Kut, nous avons acheté une poêle électrique, seul moyen de cuisson possible dans l'île à part le barbecue, le gaz nécessitant le transbordement de grosses bouteilles.


Restaurant avec terrasse : on y mange plutôt bien. Affichage des prix de rigueur - autour d'un euro le plat.

La panne

Ce matin, Fon m'annonce que la poêle électrique est en panne. Quand elle la met en route, de la fumée sort à l'endroit où est branché le câble d'alimentation. Ce n'est pas une panne compliquée, mais c'est une panne dangereuse - imagine qu'il y ait de l'huile bouillante dans la poêle et que le feu prenne.

Nous avons acheté la poêle il y a deux mois seulement, au Big C de Korat. Je dis à Fon qu'il faut faire jouer la garantie.

- Mais j'ai trop utilisé la poêle, c'est de ma faute !

Elle a utilisé la poêle deux fois par jour, certainement pas comme la cantinière d'un régiment. J'essaye de lui démontrer qu'elle en a eu une utilisation normale. En revanche, ce qui n'est pas normal, c'est que la poêle tombe en rade au bout de deux mois.

- Mais c'est sans doute parce que c'est un produit de mauvaise qualité.
- Je ne sais pas s'il est de mauvaise qualité ou si c'est un problème spécifique à cet exemplaire, mais en tout cas, c'est dangereux, et le fabriquant est responsable.
- Non, c'est nous. Nous n'avons pas acheté ce qu'il fallait…

Je lui rappelle qu'elle a longuement consulté le vendeur. On aurait dit qu'elle achetait une voiture... C'était tellement ennuyeux que je suis parti faire de la vitesse entre les rayons avec Nam dans le caddie.

- Si nous avions acheté plus cher…

Je lui dis qu'elle n'a pas pris la moins chère… Et que s'il faut acheter une nouvelle poêle tous les deux mois, alors ce sont des poêles qui sont extraordinairement chères !

- Mais non, en Thaïlande, ce qu'on achète est souvent de mauvaise qualité, c'est normal, ce qui arrive. Et ce qu'on devrait faire, c'est faire réparer la poêle chez un réparateur. Ce serait beaucoup plus simple.

J'essaye de lui faire valoir que le fabriquant trouvera peut-être utile qu'on lui signale une série défectueuse. Et que la garantie n'est pas faite pour les chiens, mais pour ce genre de situation.

- Tu n'obtiendras jamais de remboursement ou de bon d'achat. C'est comme ça en Thaïlande. Tu ne sais pas comment ça marche ici, tu es farang.

Je lui rappelle un épisode vieux d'un an : nous avions acheté des fauteuils chez Do Home, et l'un d'eux s'est complètement démantibulé en trois semaines. Certes, il avait fallu négocier ferme, mais ils avaient fini par le remplacer.

- Oui, parce que tu es farang, et qu'il a eu peur de la grande bouche des farangs…

L'entente d'une couple mixte - je veux dire d'un couple thaï-farang - tient parfois à des broutilles. J'ai envoyé un mail au fabriquant… mais je pense que cette histoire va se terminer chez le réparateur du coin. Après tout, il y en a pour un millier de baht au maximum, on ne va pas se pourrir la vie pour si peu.

Et peut-on exiger rigueur et encadrement législatif des contrats, protection du consommateur quand on a décidé de vivre ici pour la modération de la réglementation et la liberté qui en découle ? Il faut être cohérent.

Cuisinière au charbon de bois à la campagne : risque de panne zéro !

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