lundi 25 décembre 2017

Au Pala... Hotel


Le coin relaxation. Les bouteilles vides apportent une note fantaisiste. Compense-t-elle la dimension ascétique du hamac ?

Tant qu'à faire d'aller à Bangkok pour le visa, Fon m'a suggéré d'aller plus au sud, vers Rayong, afin de retrouver une amie qu'elle n'a pas revue depuis des années. Nous quittons Sukkhumvit - et deux heures plus tard, nous roulons au pas dans l'amper, en quête d'un hôtel.

Autant profiter de la mer. Nous nous retrouvons le long d'une plage : petite marche qui se termine dans un restaurant où on peut se rafraîchir. Je demande un Fanta si khiao  - Fanta vert dont je n'ai jamais été capable d'identifier le goût, mais que j'aime bien : je ne suis pas bégueule sur le chimique.

Nous remontons une avenue. A cinquante mètres de la mer, nous avisons un endroit plutôt engageant. C'est le Pala Hotel, dont les murs blancs sont surmontés de petits drapeaux thaïs. Pala... Hotel : tout un programme !... Pour un prix encore raisonnable, nous prenons une chambre. J'y trouve une banquette et une petite table parfaite pour un ordinateur. Mais en ouvrant la salle de bain : un nuage de Stukas de la dernière guerre. Pas surprise, la tenancière dégaine sa DCA et pschii, pschii, elle fait un carnage. Maintenant, nous marchons sur un tapis de moustiques géants morts : ça craque un peu mais c'est doux aux pieds... Elle est vraiment sympathique, cette patronne, et Nam a un bon contact avec elle. Nous payons, et en route pour la plage.

Comme souvent en Thaïlande, il n'y a pas vraiment de plage… On a bétonné tout près de la mer. Et les marées (comme je l'ai expliqué dans un précédent post) durent douze heures ici et non six : quand la mer est haute, elle le reste. L'eau n'est pas très propre, la bande de sable restante est jonchée de détritus : excellent, c'est le signe que nous sommes dans la vraie Thaïlande ! D'ailleurs, on voit au loin des constructions qui font penser à une usine de produits chimiques - à moins que ce ne soit une station d'épuration. On ne saurait être plus couleur locale !

L'amie rejoint Fon, et tout le monde est content.

Le soir, d'autres signes nous montrent que nous sommes vraiment dans un endroit typique. Le matelas est en alliage massif de chêne-zirconium, moitié amical pour les vertèbres. Et la douche offre deux possibilités : un ébouillantage immédiat ou une douche froide, autrefois considérée comme excellente pour les troubles mentaux. J'avoue que je ne sais quoi choisir, les deux me tentent diablement. A y réfléchir, l'ébouillantage immédiat va mieux au teint du homard qu'au mien. Quant aux troubles mentaux, justement, je suis guéri (depuis hier). Alors, je fais l'âne de Buridan et je reste dans ma crasse. Mais je note dans mon petit carnet - ça peut servir à d'autres : bon point, l'établissement fait thalasso.

C'est l'heure de dîner. Il y a dans le coin une invraisemblable quantité de chiens. Plus vindicatifs qu'à la campagne. En sortant de l'hôtel pour aller au restaurant d'à-côté, je suis accompagné par un concert d'aboiements hargneux. Heureusement, certains sont à la laisse. J'espère ne pas tomber sur eux dans la nuit noire quand nous rentrerons.

Au restaurant, c'est donnant-donnant. La grosse patronne me nourrit. A charge pour moi de nourrir une dizaine de moustiques affamés. Fair enough - mais pour les moustiques, c'est gratuit. Ici, la bouffe est bonne mais les portions sont maigres - il ne faut pas que les moustiques fassent du cholestérol. Heureusement je perds vite l'appétit en contemplant l'immonde boîte où sont rangés les épices, couverte de traces de crasse grise.

En face de nous, une famille thaïe. Ils ont quasiment garé la voiture dans la salle du restaurant. La fille porte une robe rouge vif qui ne passe pas inaperçue. Personne ne parle. La fille se prend en photo avec son portable. Douze minutes - j'ai regardé ma montre. Et puis on leur a apporté la bouffe. On ne parle pas la bouche pleine. Voisins agréables et silencieux.

Dans l'intervalle, j'ai le temps de parcourir une étude hollandaise selon laquelle 83% des gens qui pratiquent le selfie n'ont pas une vie sexuelle épanouie. Soulève ta jupette rouge, ma fille...

En fait, notre coin, c'est une petite station touristique pas trop connue des étrangers. Il n'est qu'à moitié envahi. En Thaïlande, on a le choix entre le confort des stations balnéaires pour farangs, et les endroits typiques, d'un confort très relatif. Il faut savoir ce qu'on veut - les capotes usagées sur la plage ou les bouteilles de plastique avec les restes de filets de pêcheurs.

Ici les lampadaires sont en or : c'est Monte-Carlo !

Au bout de deux jours, on a décidé de rentrer. En roulant, j'ai pensé à mon ressenti - un peu négatif, je reconnais. On peut voir la Thaïlande de plusieurs manières, selon l'humeur du moment. Le regard que j'ai porté sur cette petite station n'est ni plus juste ni plus faux qu'un autre. On peut aussi aller dans des endroits plus coûteux, un peu plus propres en apparence, et ne voir que des touristes - c'est une option.

En repartant, j'ai eu un éblouissement en tombant sur un panneau au bord de la route.  Pala Hotel : ce n'est pas qu'ils aient caviardé les deux dernières lettres ; c'est la plage qui s'appelle Pala beach. Au cas où tu voudrais regarder sur Google pour tes prochaines vacances...





2 commentaires:

  1. Bonjour Pascal, excellent article encore une fois qui "croque" remarquablement la Thaïlande... Voilà pourquoi, en dépit du fait que j'adore la mer, en Thaïlande j'ai défibitivement renoncé à vivre au bord.

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  2. Merci Jean-Luc, c'est cool ! Et comme je te comprends. Les gens s'imaginent que la Thaïlande est au bord de la mer... mais ça fait bien vingt ans quelle n'y est plus !

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