dimanche 4 mars 2018

Se loger durablement en Thaïlande au bord de la mer


Derrière, la cabane de pêcheur. Eau marchante plutôt que courante, quand il y en a. Internet impossible. Mais c'est beau !

La question : louer ou acheter ? Les arguments habituels en faveur de l'un ou de l'autre sont valables. S'y ajoutent des considérations locales qui modifient la donne.

Quand on achète un terrain, on le fait forcément au nom de son conjoint ou d'un proche, car un farang ne peut être propriétaire en Thaïlande, sauf pour une petite surface à la condition qu'il ait lourdement investi dans le pays.

Cet achat au nom du conjoint implique une relation durable. Sinon, on risque de tout perdre. Il a par ailleurs des conséquences en cas de décès.

La loi thaïe sur les successions n'est pas du tout contraignante. Il n'existe pas de part réservataire, et donc tout est possible pour le testeur qui n'a d'obligation que de rédiger son testament sur un document libre en présence de deux témoins - qui devront être vivants et accessibles au moment de la liquidation. Sans testament, l'argent revient aux enfants et aux parents.

Mais même s'il y a testament, le décès du conjoint entraînera de facto la perte du bien, jouissance comprise, pour l'investisseur farang (sauf dans un cas que nous examinerons plus bas). En effet, un héritier ne peut hériter que s'il a le droit de prendre possession du leg. Le bien reviendra donc aux descendants ou ascendants du défunt, voire à ses collatéraux.

Mon conseil : ne tuez pas votre conjoint thaï (même s'il vous énerve).

Le moyen légal généralement utilisé pour contourner ce problème est le bail de propriété de 30 ans. C'est ainsi qu'on achète des appartements situés sur un terrain dont on n'est absolument pas propriétaire. Et parfois des maisons. Pourquoi pas : c'est un système bien rôdé.

Le bail relatif à la terre en copropriété est soi-disant renouvelable et transmissible. Dans les faits, d'après un juriste spécialisé, cela n'arrive jamais. C'est trente ans, point barre.

Mon conseil : évitez d'être jeune quand vous achetez, vous risquez de tout perdre avant d'être vieux.

En résumé, un achat quel qu'il soit aboutira au retour du bien vers un propriétaire thaï. Car la propriété de murs sur un terrain sur lequel on n'a aucun droit, dans une copropriété où l'on n'a pas de pouvoir décisionnel, de quelle propriété s'agit-il ? Il faut le savoir si on a des enfants en France, enfants qui ne pourront rien récupérer (sinon peut-être des murs).

Comment acheter de l'immobilier en toute sécurité en Thaïlande : excellent livre qui fait référence sur la question

Si vous avez des enfants en Thaïlande et qu'ils ont la nationalité thaïe, il y a des chances pour qu'ils héritent si vous cassez votre pipe. Mais l'argent sera plus ou moins bloqué par l'État, ou géré par votre conjoint(e).

Imaginons que votre conjoint meure brutalement (et vous n'y êtes pour rien) : les biens que vous avez achetés reviendront à vos enfants thaïs et aux siens, il n'est pas acquis que vous en ayez la gestion ou la disposition.

Mon conseil : faites passer un check-up approfondi à votre conjoint avant de lui mettre l'anneau.

Il paraît qu'en cas de divorce d'un mariage thaï-farang, une moitié reviendrait au farang en cas de vente. J'ignore ce qui se passe dans la réalité.

Il y a toujours la solution de consulter un juriste farang pour obtenir des informations. Mais il ne pourra jamais intervenir personnellement : un étranger ne peut être inscrit au barreau thaï.

J'ai fait un curieux constat en ce qui concerne la terre à vendre en bord de mer (dans deux endroits éloignés de la Thaïlande). Dans l'immense majorité des cas, la terre n'est pas vendue en petites surfaces constructibles, mais en blocs de plusieurs dizaines d'ares, sinon en hectares.

Que peut-on en déduire ? La spéculation immobilière semble orientée avant tout vers les investisseurs type hôtels ou lotisseurs. A croire qu'il n'existe pas de classe moyenne en Thaïlande qui rêve de construire la villa Sam Suffit au bord de la mer.

C'est très frustrant : on voit des endroits bien situés dont on achèterait bien un demi rai (soit 800m2). Dommage, on ne peut acheter moins d'un hectare. La réalité immobilière en Thaïlande, selon mon expérience, c'est qu'il existe peu de petits terrains à vendre en bord de mer sinon peut-être dans les endroits déjà envahis de farangs - mais on y vend plutôt des maisons de lotissements.

Un hôtel fantôme qui n'a jamais été fini. Situé sur un immense cap qui domine une baie de rêve à Phuket.

Se posent encore d'autres problèmes qui tiennent à la réelle propriété du bien. Énormément de thaïs vivent sur des terrains dont ils ne sont pas les vrais propriétaires. Ils n'ont pas de "chanote", ni même de "nor sor sam", mais juste un "por bo tor", qui est un droit temporaire d'habiter, absolument intransmissible. Parfois ils n'ont rien du tout, seulement la reconnaissance des impôts, de la police et des postes qui savent qu'ils habitent à tel endroit : le "ta pian baan" n'est absolument pas un titre de propriété. Mais cela n'empêche pas l'habitant de mettre en vente, parfois pour des prix importants - par exemple une maison construite sur le domaine maritime de l'État.

Il y a encore d'autres possibilités de problèmes : le terrain est inconstructible parce qu'il est en pente ; ou bien il n'appartient pas réellement à l'occupant, mais à un parent décédé depuis dix ans. Etc. On résout facilement de ces problèmes en allant consulter le cadastre, l'"obo tor" où les gens sont compétents et n'ont en principe aucune raison de vous raconter des histoires.

Alors doit-on regretter de ne pas acheter ? Étant donné l'absence de pérennité de l'investissement, les éventuelles difficultés administratives, je ne pense pas. Surtout que les prix sont élevés. Ainsi, un rai pour 150 000 euros est monnaie courante. Certes, pour le prix, on a un très bel emplacement et une chanote. Mais quand même… Les prix sont au plafond même dans les endroits où il semble y avoir peu de farangs. Je me demande s'il s'agit d'une bulle.

D'un autre côté, louer une maison en bord de mer n'est pas si simple. Soit il s'agit d'une introuvable maison thaïe, sans aucun confort - maison de pêcheur par exemple. Une véritable ascèse...

Soit c'est une villa qui appartient à un australien qui la loue très cher. Il n'y en a pas des masses.

Au final, acheter est dangereux, louer est difficile. Alors pourquoi ne pas vivre à l'hôtel au mois ? Pas cher, et on garde toute sa liberté. Un rapide calcul, et on voit qu'on dépensera 100 000 euros en trente ans : moins que le prix du terrain nu - avec l'électricité et l'air conditionné gratuits !

Ma cabane au cap Nga Da : on peut rêver, non ?


samedi 3 mars 2018

Quel est le point commun entre…



777 kilomètres compteur entre notre hôtel les pieds dans l'eau à Chumphon et la maison dans l'Isan.
777 kilomètres que nous avons avalés aujourd'hui et que nous referons dans 8 jours pour retrouver la mer. Pour des raisons que tu comprendras, j'aurais préféré 666...

Ici, on roule détendu. Les flics, on ne les voit qu'aux barrages filtrants (dont l'intérêt m'échappe : inspirer la crainte ?) Jamais envie de dormir au volant. Entre la qualité du macadam qui n'est pas excellente, les curiosités du paysage et le sport qui consiste à éviter les autres voitures, on ne s'ennuie pas. Et on roule en moyenne à 70 ou 80. Mais les panneaux poussent au crime...


Il paraît qu'il y aurait des radars… Le panneau montre un appareil photo à soufflet qui ressemble à un Rolleiflex des années 50 : on se tape des barres !

Quand j'étais petit, on se posait la devinette : "quel est le point commun entre une Mercédès et des hémorroïdes ?"
Réponse : seuls les trous du cul en ont.

L'avantage, c'est qu'on pouvait adapter la question à toutes les voitures - et il m'est arrivé d'arranger la devinette en fonction de l'auto garée dans l'allée - celle de visiteurs que je n'aimais pas. Juste pour sentir flotter un léger embarras...

En Thaïlande, les propriétaires de Fortuner sont bien placés pour la comparaison. La Toyota Fortuner fait partie de ces voitures épaisses qui ressemblent à des baskets. Sans doute leurs conducteurs pensent-ils acheter pour le même prix la famille, l'honorabilité et l'aventure. Sur la route, ils se comportent comme des bandits. Nouveaux riches arrogants - ils en ont souvent le look et l'attitude.

Mais que peut bien vouloir dire Fortuner ? Je ne trouve ce mot ni dans le Webster ni dans l'Oxford. Bien sûr, on reconnait la racine anglaise ou française. Le fortuner est celui qui a su s'enrichir - est-ce cette définition qui enflamme les acheteurs ? Plutôt que : celui qui a eu de la chance - fortuna. Mais là, il aurait fallu que notre fortuné sache un peu de latin !


 ps : ah au fait, si tu as un Fortuner, mille excuses, c'est pour rire...

jeudi 1 mars 2018

Hypnotisé


Une des cent baies de l'île. Comme Phuket est belle quand on prend de la hauteur…

C'est en quittant Phuket que j'ai compris pourquoi je n'y retournerai plus jamais.

Quand on a laissé derrière soi le long tunnel fermé par des banlieues incertaines qui court du nord au sud, quand on arrive aux derniers kilomètres de la nasse, à la frontière de la liberté, une beauté irréelle - parce qu'inattendue - remplace la hideur urbaine et touristique. La nature reprend ses droits. Une immense plage borde l'île à l'ouest, avec des vagues qui déferlent rudement sur le sable. A l'est, des plantations d'arbres. Les rares personnes qu'on y voit s'activent tranquillement.

La passe d'entrée vers les eaux sous le vent, à angle droit avec l'entrée routière sur l'île.

Je pensais retourner à Phuket - à cause des vents favorables, de quelques personnes que nous avons rencontrées, à cause du curry au crabe, d'une belle retenue d'eau bordée d'arbres et d'autres petites choses.

Mais quand j'ai respiré ce grand vent en sortant de l'île, quand j'ai compris à quel point j'avais perdu mes repères et m'étais habitué à cette jolie prison,  j'ai dit adieu pour toujours.

Roméo et Juliette thaï : un jeune homme et une jeune fille ont sauté de ce joli pont démodé (qui relie Phuket au continent) et sont morts noyés. Leurs familles ennemies leur interdisaient de se marier. Même pas pour des histoires de pognon ou d'éducation...

Sur la route, des paysages splendides (qui me rappellent le jurassique, époque que j'ai bien connue). Nous avons atteint la belle province où nous avions fait escale à l'aller.


Nous nous sommes établis au bord de la mer pour quelques jours - impossible de m'arracher à notre hôtel posé à 7 marches de la mer à marée haute.

Mes modèles favoris sur le banc devant notre chambre

Le vent y est moins favorable qu'à Phuket. Mais je pense avoir trouvé une cale de mise à l'eau pour éviter les vagues du golfe de Thaïlande, qu'on prend de plein fouet quand le vent monte.

Sinon, la région est d'une incroyable beauté et d'un calme hypnotique.

vendredi 23 février 2018

Odessa Week-End, avec des images de Stéphanie en exclusivité !



Stéphanie M. : acné sévère. Rétrocession des signes cutanés en trois semaines sous antibiothérapie ciblée et isotrétinoïne.



Lem Nga, île de Si Ray : cancer invasif du tourisme, stade III. Aucun espoir de guérison, les pustules resteront (sauf traitement corse). Sujet définitivement défiguré. Taux de remplissage lissé sur l'année : 15%.

Le cancer du tourisme est une maladie qui s'attrape au contact des touristes. Il est extrêmement contagieux et irréversible. Il attaque les tissus sains et finit par corrompre des régions entières qui ne reviendront plus jamais à la santé : ici, la restitutio ad integrum n'existe pas.

– Les touristes s'aperçoivent pas ?
– Non ! ils se font éberluer, ça suffit ! y a pas plus cons que les touristes ! ils partent tout jean-foutres, prétentieux… ils reviennent encore plus jean-foutres et plus prétentieux !… tout saouls des boniments d'Agences… (L.F. Celine, Entretiens avec le Professeur Y)


Plus les populations sont fragiles sur le plan économique, plus elles sont sensibles au cancer du tourisme.

J'en ai eu un exemple aujourd'hui. Phil-a-Phuket m'avait conseillé de visiter le village des "gitans de la mer", un petit groupe ethnique qui vivait exclusivement de la pêche, reclus dans une partie isolée de Si Rey, à Phuket. L'endroit est maintenant une base de départ de vedettes pour les îles. J'y suis allé aujourd'hui. L'atmosphère y est pesante. Les gens n'y sont pas souriant comme dans la Thaïlande "normale". Les visages sont fermés. On les comprend : les touristes viennent maintenant les voir comme des bêtes de zoo.

En même temps, les gitans de la mer développent une industrie touristique un peu pathétique, colliers de coquillages ou de mauvaises perles, street food de qualité médiocre qu'ils vendent plus cher que sur le continent, restaurant à paillotes qui n'a plus que sa réputation pour lui (et ses prix pour surprendre).

Le front de mer a été empierré, ce qui est bon en cas de grande marée et de mers fortes. Il est surmonté d'une promenade en béton où les gitans ne vont jamais - c'est pour les touristes.

"La belle écaillère" ne s'enivre plus de champagne comme en 1833 mais les boissons sucrées lui font bien plus de mal.

Pour l'instant, le village est pauvre, sale, mais il a sa cohérence, il n'est ni beau ni laid, il est le lieu de vie de gens qui gagnent misérablement leur vie en allant sur la mer. J'ai la certitude que dans cinq ans, les commerces pathétiques vont tout envahir. Et là, ce sera carrément moche.

Les touristes sont une réelle nuisance, une tumeur infectieuse. Autrefois, quand il n'y avait que du tourisme de luxe, on faisait pousser un Grand Hôtel à Cabourg et c'était terminé. Maintenant, tout est gangréné. Ce n'est pas démocratique, mais c'est comme ça. Le pire est que l'infestation se nourrit d'elle-même : au début, c'est petit jeu, très vite on construit plus grand pour attirer plus de monde, ce qui incite à construire encore, à créer de nouvelles infrastructures, etc.

Ne viens pas me dire : et toi, tu n'es pas un touriste, peut-être ? Non, je ne suis pas un touriste, je suis un étranger : combien de touristes parlent thaï ? Je ne viens pas stimuler la construction et conchier la côte parce que je veux y passer une semaine : j'habite ici.

Le plus triste est que le tourisme est une sorte d'illusion, un pur effet du marketing. Les gens s'amusent autant, sinon plus au parc Asterix. La route côtière à Menton est plus spectaculaire que celle de Phuket. Et le Larzac bien plus beau que l'Isan.

Ils veulent du dépaysement. Un contact fort avec une autre culture. Alors pose des questions élémentaires, demande-leur qui est l'ennemi héréditaire des thaïs, par qui le pays a-t-il été colonisé, d'où provient le bouddhisme et tu verras qu'en fait de culture... 

Mais il faut qu'ils partent loin. On leur sert de la merde, et comme ils ont des goûts de chiottes, ils la bouffent, essuient l'assiette à blanc et en redemandent. Ils acceptent de se laisser traiter comme du bétail dans les avions. Malgré cela, ils sont toujours partant pour recommencer. La vacuité de leur cerveau est terrifiante - mais il faut bien qu'ils la comblent par de l'agitation et des spectacles bidons.

Non, encore une fois : ne viens pas me dire que je suis parti visiter des pays. Je suis allé m'installer dans des pays pour des raisons précises. Et je suis généralement resté sur place, j'ai très peu visité, sinon poussé par des obligations d'installation. Phuket, par exemple, je n'y serais jamais allé s'il n'y avait pas eu l'école.

Autrefois, je rêvais d'un tourisme respectueux, avec des zones d'habitation agréables mais concentrées épargnant les beautés naturelles du pays, et des transports fréquents et quasiment gratuits pour y accéder.

C'était bête.

Et puis le tourisme a sans doute des points positifs :
- même s'il est limité et essentiellement dans la tête des touristes, il y a un brassage de populations qui rend plus tolérant et annonce l'avènement du global village.
- la dépense des touristes stimule l'économie du pays, de l'ordre de 15 à 20% du PIB pour la Thaïlande (péréquation selon diverses sources).

D'ailleurs, on peut dire exactement la même chose pour la prostitution, qui est sans doute une très bonne chose !


Alors je reste serein, sur terre...

...comme sous l'eau !









jeudi 22 février 2018

Les "feuilles-bateau"


Les musulmanes tranquilles - et pourtant, derrière, la mer est assez agitée.

En revenant de l'Est de l'île, là où sont installés les musulmans, nous déjeunons dans un petit restaurant au bord de la route. On y mange un petit curry de crabe… Fon explique :  tout comme baï lan veut dire feuille-palmier, "voile" se dit baï reua, c'est à dire feuille-bateau - . C'est joli, gréer une feuille-bateau…

Elle s'interrompt et tend l'oreille vers la télé : sur la 9, une info importante. Problème d'avion. Ah non, pas le crash de l'avion en Iran, aucun survivant - non, un truc grave survenu en Colombie. Je n'y comprends rien. Elle m'explique : ils ont été obligés de poser l'avion en urgence parce qu'un des passagers qui pétait comme un roussin avait totalement empuanti la carlingue. C'est la télé thaïe en prime time. Désolé, moi aussi ça me fait rigoler.

A propos de vents… ici, ils sont renforcés par des phénomènes de reliefs et des courants thermiques. Parfois plus forts que ce qu'indique la météo. Un avantage de Phuket : on peut y faire de la planche en sécurité, il suffit d'aller sur la côte est où les vents sont on-shore. Avec des marées de 6 heures (et non les bizarres et interminables marées qu'on trouve dans le golfe de Thaïlande).

Sur la carte une surface bleue - une retenue d'eau au milieu de petites montagnes, entourée de forêts qui l'abritent et la gardent fraîche. Une bonne odeur de pourriture végétale. Un kilomètre sur trois cent mètres - la plus belle des piscines. La Thaïlande est le paradis des nageurs, et personne ne le sait.

Et d'autres beaux endroits. Petites montagnes couvertes d'une végétation dense qui descendent dans la mer. Plages superbes qui seront quasiment désertes une fois passée la saison (si j'en crois l'excellent site Phil-a-Phuket !)
.
Pourquoi ne pas vivre ici... Mais voilà, l'école a demandé des engagements, ce que je déteste. J'ai proposé de payer - absolument tout - mais au fur et à mesure. Ils ont refusé. Nous voilà à nouveau libres de partir où nous voulons.

En effet, rien n'oblige Nam à entrer si vite dans le cursus : après tout, elle n'a que deux ans et demi. Nous ferons sans doute un essai à la rentrée dans mon école bretonne. Quelques mois de sursis pour moi…

Mais notre aventure avec Phuket n'est pas finie. Fon ne s'y déplait pas. Juste qu'elle aime les endroits que je déteste ! Normal, quand on y réfléchit : elle aime les endroits où il y a des farangs et j'aime les endroits où il y a des thaïs - en fait, on est pareil…

En regardant vers l'Isan par dessus les bananiers...



lundi 19 février 2018

On est toujours le beauf' de quelqu'un


Moi, je les ai dans le nez...

Il ne faudrait pas s'imaginer que ma phobie des farangs soit pur snobisme. La vulgarité et la bêtise des français à Phuket (et en Thaïlande en général) dépasse tout ce qu'on peut imaginer.

Pour s'en convaincre, on peut lire le courrier-des-internautes, sur rawai.fr, une association francophone d'expatriés. On se demande si le retraité EDF (auto-)qualifié de feignasse pense rendre service, ou pire, faire de l'humour, par exemple quand il évoque sa première pipe en répondant à une touriste qui porte le même prénom qu'une de ses ex.

Dommage, même sur les sujets où je pourrais être en phase, il est mauvais. Un touriste demande si on peut faire du jet-ski et il le prend de haut en lui disant d'aller se faire voir ailleurs. Il aurait pu dire qu'il était lui-même fervent amateur mais que la turbine aspirait des micro-méduses locales et recrachaient des litres de poison, ce qui avait provoqué la fermeture de plusieurs plages et envoyé une centaine de touristes à l'hôpital. Ou que malheureusement, l'usage du jet-ski, pour une obscure raison théologique, était proscrit par la religion bouddhiste tous les jours sauf le samedi après-midi. Tu m'excuses, c'est un premier jet (...ski - oh zut, ça déteint !)

Il faut dire que les questions qu'on lui pose ne sont pas très malignes.
- Peut-on voyager ici sans parler anglais ? (j'aurais répondu que cela ne posait absolument aucun problème à condition de parler le thaï)
- Quelles sont les démarches administratives pour se marier avec une thaïe ? (j'aurais félicité chaleureusement l'heureux élu et je lui aurais demandé s'il avait déjà consulté sa mairie de rattachement).

Je te rassure, les français qui viennent ici ne deviennent pas c... en sortant de l'avion, il n'y a pas de jus de méduse dans l'air.

Mais quand on regarde le prix des villas à louer au mois, on comprend que les types se prennent pour les rois du pétrole : 450 euros pour deux pièces avec une petite piscine, à quelques centaines de mètres de la mer dans le quartier occidental. Malgré l'augmentation des prix due au tourisme, la vie est très bon marché ici. Alors ils se croient les plus malins : la bêtise, c'est difficile à supporter, mais la bêtise suffisante, c'est gratiné.

Tu me diras que je ne les ai pas encore rencontrés. C'est vrai, je ne les ai pas rencontrés en groupe. Mais individuellement, j'en ai croisé plusieurs et je les ai écoutés. Et je suis allé à deux réunions d'un club de Pattaya - même style frontiste.

Et puis il y a ce qu'on trouve sur internet. Le club de jogging local, fondé par des anglais, s'appelle "A Drinking Club With A Running Problem car on aime autant courir ou marcher que de boire de la bière autour de bonnes blagues après la course".

Ça fait envie (surtout de boire autour de bonnes blagues : une bonne blague bien fraîche, pression si possible...) Consolation : il n'y a absolument aucune raison pour que les anglais, les allemands et les russes relèvent le niveau.

Quand on est en France, on évite facilement ce profil. Ici, on a l'impression de voir une grosse m... insolemment posée au milieu d'un plateau de nacre blanc. Car les thaïs, pour la plupart, restent identiques à eux-mêmes : polis, bienveillants, accueillants.

Heureusement, il y a d'autres farangs, malins et très sympathiques. Mais ce n'est pas si simple de les trouver - justement parce qu'ils sont moins grégaires et plus discrets.

Si tu veux, tu pourras trouver de la doc.


dimanche 18 février 2018

Phuket (5) : le verre à moitié vide


La plage de Nai Harn ou celle de St Jean de Mont ?

Fon m'a traîné vers des plages connues, tout au sud - il fallait bien les voir un jour. Le purgatoire pour y aller, l'enfer pour revenir : les voitures à touche-touche, les motos dans tous les sens qui débouchent au ras de la calandre. Quant aux endroits eux-mêmes : très beau quand on tourne le dos à la plage et qu'on se bouche les oreilles. Nai Harn, petit air de ressemblance avec la grande plage de l'ïle aux Moines (Morbihan, canicule du 7 août) - les mêmes anglais, les mêmes français, les mêmes allemands... avec la même toison noire qui leur couvre le dos et les épaules - j'avais oublié !
Tout ça pour ça ?

J'ai en tête de lointains souvenirs de Basse Terre en Guadeloupe, ruisselante de pluie en toutes saisons. Et sa végétation luxuriante dont le vert perce l’œil. Ici, la luxuriance est modérée... Alors que les zones industrielles assez sordides de Zabymes, à toucher Pointe-à-Pitre, ne sont séparées que de vingt kilomètres de paysages splendides : palmes et bananes, cascades et mornes ou errent quelques zébus et de leur gardienne, fillette maigrichonne moitié noire moitié zindienne. Mais ici ? Pour l'instant, je n'ai encore jamais vu un coin un peu sauvage - juste des friches industrielles.

Certes, j'ai trouvé une zone de mise à l'eau pour la planche, avec une belle orientation du vent, à cinq minutes du coin de l'île où se trouve l'hôtel, près d'un embarcadère. Je vais tester dans trois jours - la météo prévoit une jolie brise. 

Le problème, c'est que je ne peux pas savoir comment est cette île hors saison. Il y a sans doute moyen d'y vivre heureux en balisant ses trajets. Repérer des endroits calmes. Trouver des raccourcis.

Est-ce que le jeu en vaut la chandelle ?

Nous sommes allés visiter l'école : elle est neuve et sympa, mais le prix qu'elle demande équivaut à deux billets d'avion AR par an pour toute la famille en haute saison. Ça fait réfléchir.

Pour l'instant, le verre est très à moitié vide... J'imagine un retour, des séjours de quelques mois à l'école maternelle près de mon domicile breton pour Nam. Le reste du temps, on verrait.

Mais rester libre aussi longtemps que possible.