samedi 31 mars 2018

Sur la route du sud


Si tu ne passes pas devant les éléphants, jamais tu n'arriveras à la mer...

Nous voilà partis vers le sud, à la recherche d'une hypothétique location dans la région de Chumphon.

Nous touchons la côte vers Ban Krut. Grandes plages de sable au nord et au sud de la petite pointe qui en rompt la monotonie. Pas vraiment le charme des criques bretonnes que j'affectionne. Des zones où habitent beaucoup de farangs, et une atmosphère sinistre, trop loin de la civilisation : la plage, la plage et la plage - stakhanovisme stupide du tourisme..

Le premier soir, nous avons la surprise de recroiser notre trace d'il y a trois ans : en débouchant sur une petite route, Mai s'exclame : " là, je reconnais la route - l'hôtel et les chiens !"

Oui, les chiens, une meute d'une vingtaine de klebs furieux que j'ai dérangés à l'aube en faisant mon jogging. Ils ont couru derrière moi en grondant et en aboyant. J'ai dû remonter sur la route en catastrophe - où ils m'ont un peu suivi. Il a fallu les tenir en respect - à moins de deux mètres - avec une branche de palmier ramassée dans l'urgence, maigre moyen de défense que je pointais vers leurs crocs sortis et leurs gueules bavantes. Mauvais souvenir.

Haadsomboon. L'envie d'une île ?
Nous avons foncé vers l'hôtel - caractéristique par son style européen années cinquante - où nous nous sommes installés. L'endroit s'appelle Haadsomboon. Si on longe la route côtière vers l'est, on arrive à une petite mangrove, un pont charmant et un genre de presqu'île dont on ne peut faire le tour - et c'est tant mieux.

Au milieu de nulle part...
En passant par les routes intérieures, on arrive à un terminal portuaire au milieu de nulle part. Juste à côté, cachés derrière une avancée rocheuse, une petite crique et un temple qui ont sans doute été délicieux avant d'être couverts de baraques et parpaings par le tourisme. Les environs gardent encore du charme - avec cette jolie vue de l'isthme de sable qui permet de gagner un îlet à marée basse.

Gôa thaï. Non, "Gôa" est un emprunt au français !
Nous sondons le marché immobilier. On nous propose des chambres de petite taille, de quoi passer huit jours de vacances tassés les uns sur les autres, certainement pas d'habiter au long cours. Ou bien des maisons dans un état terrifiant, nécessitant des travaux d'isolation considérables pour qu'on puisse y installer l'air conditionné.

Nous repartons le surlendemain. La frontière entre la province de Prachuap Khiri Khan ("ketchup qui ricane" - désolé, je ne peux pas m'en empêcher) et celle de Chumphon est marquée par un bourgeonnement de la côte en forme de bolet : forte élévation couverte de végétaux, qui domine la mer de ses flancs abrupts. Une route côtière permet d'aborder le sud du champignon. La crique abrite quelques bateaux, c'est joli - et le curry de crabe est bon.

Mes passagères gourmandes devant le "bolet"

Suit encore une grande baie de sable sans grand intérêt. Puis un complexe d'îles formant un cul-de-sac avec la côte. Au fond, un village de pêcheurs peut-être nommé Koh Tiap. Il est construit avec des parpaings bruts. Un désordre incroyable déborde des maisons - on pense à une déchetterie tant tout semble oxydé, vieux, délabré. Ruelles étroites qui me rappellent Camaret. Ni hostilité ni curiosité apparente chez les habitants. Vertige en pensant qu'ils vivent comme leurs parents il y a deux cents ans, mis à part les moyens de locomotion et les gadgets de la modernité. Petite communauté humaine qui vit de la mer, se reproduit localement et n'essaime sans doute pas beaucoup.

Le pêcheur n'est pas en train de téléphoner avec un portable. Il se gratte tout simplement l'oreille. Ça arrive au XXI° siècle.
L'endroit est très joli. Sur la route, des points de vue élevés et des temples avec un énorme Buddha au beau visage, assis sur un tapis de lotus. Mais aussi une représentation à taille humaine de l'enfer, avec des monstres qui torturent ceux qui n'ont pas suivi les préceptes de Buddha - décapitations, femmes tranchées en deux, visages terrifiés. Je ne l'ai qu'entrevu, et d'un peu loin, mais je n'ai vraiment pas eu envie de visiter.

Un endroit d'une beauté paradisiaque où certains fidèles ont senti le besoin de décrire l'enfer : tordu, non ?

La route vers le sud quitte la côte et la rejoint plus bas, sur une baie comme je les aime, à marée basse, sable au nu. Plus loin, la mer a changé de couleur, elle est plus claire, plus bleue - et ce n'est pas seulement la lumière, les fonds sont moins profonds. Nous nous promenons sur la pointe (Laem Thaen), avec une vue surélevée des grosses pierres qui jonchent le fond : fini les rochers propices aux embuscades de la chasse sous-marine.

Un peu plus bas se trouve la station météo qui couvre la région pour surfers et véliplanchistes (Thungwualaen beach). Petite concentration d'hôtels et de structures touristiques sans intérêt.

Nous n'avons pas exploré la pointe suivante, la dernière avant notre destination. Coupant à travers les terres, nous sommes passés par l'est de la ville de Chumphon et nous avons retrouvé notre ancien hôtel qui était complet. Un kilomètre plus loin, juste en face d'une anse de pêcheurs, nous avons pris une chambre les pieds dans l'eau.

De la fenêtre. Et tant pis pour ceux qui n'aiment pas les cartes postales !

Bonne nuit !

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