dimanche 3 juillet 2016

Humour thaï et citronniers



Hier, en revenant de l'étang, Fon m'a arrêté au bord de la route devant une maison sans rien de particulier. Sinon quelques plantes devant. Un homme avec une queue de cheval est sorti et Fon m'a dit qu'on allait acheter des citronniers. Très bien. Il y avait des citronniers à gros citrons, d'autres à moyens citrons, d'autres encore à petits citrons. Il fallait croire l'homme sur parole, car aucun citron n'était en vue, pas même sur des arbres à très petits citrons. Ni à très gros citrons - ils auraient dû être visibles.

L'homme à la queue de cheval parlait étonnamment bien l'anglais, ce qui m'a tout de suite rendu suspicieux. J'ai demandé au bout de combien de temps nous aurions des citrons. Huit mois, a répondu l'homme – ce qui m'a paru bien peu.

Fon a choisi deux citronniers (ton manao), elle a acheté du terreau. J'ai tenté de faire une plaisanterie, en demandant si maintenant, on pouvait acheter deux arbres à vodka (ton wodka), mais ma plaisanterie n'a eu aucun succès : ces barbares s'imaginent que je fais pousser du citron pour arroser mon Khao pat Kai, ils ne connaissent pas le lien organo-tellurique qui lie la vodka au citron vert. Après une explication de Fon, l'homme s'écrie : « alors vous êtes russe ! », moitié interrogatif. Vexé, j'adopte l'air impénétrable du bonhomme de Line :

Et nous voilà repartis.

J'ai demandé quand on planterait les arbres. Fon m'a dit « ce soir ». Mais le soir, un couple d'amis est passé, et nous n'avons rien planté, nous nous sommes contentés de boire de la vodka avec les citrons cueillis sur l'arbre du frère de Fon.

Ce matin, j'ai demandé à Fon quand elle allait planter les ton manao.
- Ce soir a-t-elle répondu.
- Mais pourquoi ?
- A cause du soleil.
- Il n'y a pas de soleil. C'est la saison des pluies.

Je n'ai pas voulu citer l'ecclesiaste [11-6] : Dès le matin, sème ta semence…, car j'ai remarqué qu'elle n'était pas très concernée par l'ancien testament. Finalement, on a planté les citronniers le matin – quand même selon l'ecclésiaste.

Je les ai trouvés très petits, ces arbres. J'ai dit à Fon qu'il faudrait sans doute attendre bien plus de huit mois avant de voir le premier citron.
- Un an, tu penses ? Plus ?
Je lui ai expliqué qu'en réalité, on avait acheté des arbres à papayes. Peut-être même des arbres à fraises.
- Je sais quand même ce que c'est, un arbre à papayes. J'en ai planté deux de l'autre côté de la maison, répond Fon, offusquée.
Je prends l'air fin et entendu, et je lui glisse qu'alors, si ce ne sont pas des arbres à papayes, il s'agit forcément d'arbres à éléphants. Elle me regarde d'un air dubitatif...

A la fin, elle me demande d'aller chercher deux vieux pneus dans le garage de son frère. Elle a installé les deux pneus. Voilà, maintenant, si tu viens, tu verras comme c'est joli, les citronniers au milieu de deux pneus dans le jardin. Ça tombe bien, ils sont du côté par où on arrive. On les voit tout de suite.

Je me demande si je ne vais pas en mettre dans la maison...

J'en parle à Fon. Elle me dit qu'on peut, mais qu'on aura peut-être des problèmes avec les éléphants.



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