dimanche 24 juillet 2016

Une tache bleue sur une carte...


Ce n'est pas un oiseau d'origamie au premier plan à gauche. Ce n'est qu'une feuille racornie de nénuphar.

Un jour, j’ai regardé sur Google Map, à la recherche de taches bleues pas trop loin de mon village.

J’en ai trouvé une… J'y suis allé plusieurs fois me promener.

Et j’ai longtemps rêvé en marchant sur les eaux.


C'est une tache bleue qui fait trois kilomètres de long, et un kilomètre de large.

Une retenue d'eau à quinze kilomètres au plein sud de Phimai et de ses ruines.

On l'appelle Lam Chamuak, et je ne sais pas si cela veut dire quelque chose.

Je ne sais pas si c'est le nom d'un village maintenant englouti.



Il y a deux villages pas loin, aucun n'est au bord de l'eau.

J'ai compté deux constructions bâties sur les rives - des abris en principe destinés aux promeneurs.

Ils sont maintenant fermés. Des barbelés les entourent. Le lac n'aime pas les promeneurs.

Il y a aussi une curieuse cabane basse accroupie au milieu des eaux.



Quelques pêcheurs fréquentent ce lieu. Ils pêchent du bord, les pieds dans l'eau, la tête dans le ciel gris.

L'un d'eux m'a dit que beaucoup de gens étaient morts dans les eaux du lac.

Pourquoi ? Il n'a pas su me le dire, ou je n'ai pas su comprendre.




Juste un petit bout de route court sur la butte de terre qui retient l'eau.

Pas de cale pour mettre à l'eau, pas de plage pour nager.

Je n'ai vu qu'une seule barque, dans les herbes - comme abandonnée.

A-t-elle heurté trop de cadavres blêmes dans ces eaux grises ?



Au village, j'ai demandé à qui appartenaient ces rives désertes.

Elles appartiennent au Royaume de Siam, m'a-t-on répondu.

De rares parcelles sont détenues par des particuliers, habitants des deux villages.

Ils ne veulent pas s'en séparer car ils n'auraient plus rien.


Mais il n'est pas nécessaire de posséder pour jouir...

Ou bien, à l'inverse : toute chose appartient à qui sait en jouir ?


Je suis reparti sur la route sinueuse. La pluie s'est mise à tomber.

Je reviendrai, Lam Chamuak, mon amour...



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