Me
voici à l'aéroport de Jakarta, sur le départ. Quelques réflexions en vrac à propos de
l'Indonésie avant mon départ. Pour autant que je puisse en parler, car je n'en
connais qu'une très petite partie.
D'abord,
deux nombres pour situer le décor : sept millions de touristes pour vingt mille
îles indonésiennes, dont une bonne partie s'agglutine à Bali, contre vingt sept
millions pour la Thaïlande. Évidemment, c'est plus calme… Le tourisme est
adapté au goût local. L'inconvénient, c'est que ce n'est pas toujours très
confortable. Alors qu'il fait très chaud sur les côtes, et qu'on aurait
justement envie d'un peu de confort. L'avantage, c'est le prix. Même si le logement coûte plus cher en Indonésie qu'en Thaïlande, à prestations égales, la vie y est très peu chère, et les salaires très bas. Une femme de ménage au bas de l'échelle gagne soixante dix euros par mois, travaillant six jours sur sept. Une caissière d'un Indomaret en gagne cent quatre-vingt. Un plat qui te cale, pris dans un warung, coûte moins d'un euro.
Grasse
matinée en Indonésie ? Non, sauf avec les boules Quies de l'avion, pour passer
le cap du premier des cinq appels à la prière, crachés par le haut-parleur
nasillard de la mosquée voisine. Dommage, les quarts de ton de certains
muezzins mériteraient une meilleure sono. Quant à boire une bière fraîche en
regardant la mer (et plus encore, une pression), oublie. Si, peut-être dans les
hôtels vraiment destinés aux bulés… Et c'est de la Bintang : il faut aimer la
pilsen[1],
genre bière hollandaise - évidemment.
Surtout,
jamais de came, même du léger : on risque des mois de prison pour un joint, et
sa vie pour un peu plus. On pourrait penser se rabattre sur la vie saine, les
vitamines et les fruits. Bizarrement, je n'ai jamais trouvé de très bons fruits
en Indonésie. Problème de saison ? Outres les bananes, les pastèques, les
cantaloups, les papayes, souvent médiocres, ils ont des fruits bizarres que je
ne connais pas. L'un d'eux, très beau, avec une écorce en peau de serpent. Mais
le goût… pas terrible. Et un autre, avec un nom guerrier, le rambutan, un genre de lychee
avec plein de poils durs dessus - assez bon. Ah oui, il y a le durian : un truc
vert plus gros qu'une tête d'homme, et qui ressemble à un énorme virus. Gerbant.
Il pue tellement que sa consommation est interdite dans un certain nombre
d'hôtels : no smoking, no pets, no durians. Il y a pourtant des amateurs,
et même des gens qui meurent pour en avoir mangé trop, car le fruit est
saisonnier, et l'on se jette dessus quand il réapparaît. En fait, c'est le
mélange avec l'alcool qui serait létal, une molécule qu'on trouve dans la chair
du durian laissant le foie sans défense devant certains dérivés de la
dégradation alcoolique.
Mais l'Indonésie
est avant tout un beau pays.
Certes
je n'ai pas trouvé grand-chose à faire à Jakarta. Peut-être pour ceux qui
veulent trouver de la bière et des filles ? C'est une ville pénible du fait du
trafic (et de l'absence de métro - un débat municipal vieux de vingt ans), pas vraiment
jolie. Quelle est la distraction des habitants quand ils ont des loisirs ? Se
promener dans un des nombreux malls de la ville. Enfin quand je parle de
promenade… Il y a un trait distinctif chez les indonésiens : ils n'aiment pas
marcher. Soit préjugé social, soit particularité culturelle - en tout cas, rien
n'est fait pour le piéton. Ni trottoirs, ni passages cloutés. Ni temps accordé
au piéton pour traverser à un feu (à un croisement, une voiture peut tourner à gauche même si le feu est rouge ; je dis bien à gauche, car on conduit à gauche en
Indonésie, comme en Thaïlande). C'est peut-être pour cette raison
que les indonésiens donnent trop souvent des indications erronées sur les distances - ils ne
les ont pas éprouvées dans les jambes. Ils te diront jauh !, "c'est
loin", alors que ce n'est qu'à un ou deux kilomètres.
Dans
chacun des malls, il y a des karaokés. Les indonésiens te regarderont avec des
yeux ronds si tu leur dis que tous les européens ne pratiquent pas,
loin s'en faut. Eux y vont régulièrement, en famille ou avec des amis. La famille semble si
importante ici qu'un jeune pourra te dire sans mentir qu'il préfère sortir
avec ses parents, frères et sœurs plutôt qu'avec ses amis. Les enfants ont d'ailleurs un fort devoir d'assistance envers leurs parents - comme en Thaïlande. Mais si ces derniers sont défaillants, ce n'est pas à la fille de s'en occuper - elle restera chez son mari, tandis que le fils devra déménager chez eux avec son épouse.
Si
tu veux séjourner à Jakarta, la question galère du taxi va se poser à
l'aéroport. Toujours prendre un taxi Bluebird (bien lire Bluebird sur la
portière, maintenant il y a plein d'imitations de taxis de couleur bleue). Exiger
la mise en route du taximètre, sinon, descendre. S'assurer que le chauffeur
accepte d'aller à l'adresse souhaitée (pas toujours le cas). Même si le coût est très bas
- une dizaine d'euros pour dix-huit kilomètres - tellement d'embrouilles
ont été décrites
qu'on peut préférer la sécurité d'un bus Damri[2]. Mais je reste persuadé que la probabilité de survenue d'un problème est très exagérée.
Ce bus t'amènera vers le centre, pas loin de ton hôtel. J'aime bien descendre dans une executive du Take's mansion, même si l'internet n'y est pas toujours aussi stable que souhaité pendant les heures de pointe. Il est vrai que je n'ai JAMAIS trouvé d'internet rapide en Indonésie. Alors que le Take's mansion est de construction assez récente, il a un air vieillot sympathique. C'est sans doute ce qui explique la modicité des prix - les indonésiens ne jurent que par le neuf. "Vous autres, les bulés, vous aimez ce qui est ethnique", me dit finement une indonésienne. J'aime aussi la piscine du Take's, souvent déserte, avec une belle vue, au sommet de l'immeuble. Et le personnel est arrangeant, agréable au-delà de tout éloge. Derrière l'hôtel, il y a un quartier populaire, animé le soir, qui vaut une petite ballade. Contraste entre les tours froides qu'on voit s'élever dans la nuit, et les petits commerces de rue d'où montent des bribes de conversation.
Ce bus t'amènera vers le centre, pas loin de ton hôtel. J'aime bien descendre dans une executive du Take's mansion, même si l'internet n'y est pas toujours aussi stable que souhaité pendant les heures de pointe. Il est vrai que je n'ai JAMAIS trouvé d'internet rapide en Indonésie. Alors que le Take's mansion est de construction assez récente, il a un air vieillot sympathique. C'est sans doute ce qui explique la modicité des prix - les indonésiens ne jurent que par le neuf. "Vous autres, les bulés, vous aimez ce qui est ethnique", me dit finement une indonésienne. J'aime aussi la piscine du Take's, souvent déserte, avec une belle vue, au sommet de l'immeuble. Et le personnel est arrangeant, agréable au-delà de tout éloge. Derrière l'hôtel, il y a un quartier populaire, animé le soir, qui vaut une petite ballade. Contraste entre les tours froides qu'on voit s'élever dans la nuit, et les petits commerces de rue d'où montent des bribes de conversation.
Partout
ailleurs en Indonésie, c'est beau dès qu'on s'écarte des villes. La végétation
est magnifique. J'ai évité Bali, sans doute à tort, par phobie du tourisme de
masse. Mais je n'ai toujours pas projet d'y aller. Je ferai mon possible pour
revenir dans quelques mois, peut-être dans une petite île de l'Est (Timur oriental), pas trop
loin de l'Australie. Ce sera en saison sèche, et j'espère avoir une eau claire
pour sortir mon arbalète et tirer quelques poissons. J'ai vu qu'il y avait une
montagne de trois mille mètres au milieu de l'île : de quoi pouvoir se
rafraîchir si besoin. L'avantage de ce pays, c'est qu'il y a du relief.
A propos, je
connais une fille qui peut servir de guide en Indonésie, pour une vingtaine
d'euros par jour (pour deux ou trois personnes). Elle ne parle pas très bien
anglais, il faut toujours s'assurer d'avoir été bien compris, et elle est
parfois un peu space. Mais c'est quelqu'un d'extrêmement gentil, honnête et
dévoué, qui arrangera les situations, fera de son mieux pour t'emmener là où tu
veux aller, particulièrement hors des sentiers battus par les bulés. Elle
connaît très bien les montagnes de Jawa. Fais-moi signe si tu es intéressé, je
transmettrai. En espérant qu'elle soit disponible.
[1] "pilsen" est une
contraction du néerlandais ancien "pils aan", qui veut dire
"pisse d'âne" ; non, ne me remerciez pas, je sais que je suis un
puits de science et j'aime en faire profiter les autres.
[2] ces bus circulent le jour, et
aussi la nuit, mais espacés ; sortir du bâtiment d'arrivée (le 3, je crois),
faire vingt mètres sur la gauche, traverser deux voies avant d'arriver à
l'aubette où on vend les tickets ; quant à ma référence sur les problèmes avec les taxis à Jakarta, voir : http://www.expat.or.id/info/taxisafety.html
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