lundi 30 mars 2015

Rencontre à la banque




L'autre jour, j'ai rencontré un farang qui travaillait à la succursale d'une banque française. Je le connaissais à peine, on s'était juste un peu parlé. Sympathique, le mot pour rire, sans doute un bon vivant. Il était attablé devant un café, dans une échoppe en plein air. Je l'ai salué, et nous avons pris un pot ensemble. Il m'a dit qu'il était en Thaïlande depuis sept ans, et qu'il en avait vraiment assez des Thaï. Mais pourquoi ?

- Impossible d'être ami avec un Thaï. Ils ne pensent qu'au fric. Avec les farangs, ils sont toujours intéressés. Tu en invites deux, ils arrivent à cinq. Difficile de les renvoyer chez eux. Parfois, la première fois que tu invites un Thaï, il va t'apporter une bière. La fois suivante rien. Tu te dis que c'est normal, la dernière fois, il avait pensé à apporter quelque chose. Mais la troisième fois, la quatrième, et jusqu'à ce que tu les mettes à la porte, ils viennent les mains vides, ils se gobergent chez toi autant qu'ils peuvent. Oui, j'en ai vraiment ma claque. Partout le pognon. Tu veux acheter quelque chose n'importe où, on te dit : c'est trois cent bath. Tu laisses tomber, et tu fais repasser ta copine thaï. Pour elle, c'est seulement cent cinquante.

- Ils sont souriants, prêts à t'aider...

- Superficiellement, oui... Les femmes, c'est encore pire. Ici à la banque, on a des retours... des hommes qui achètent des maisons au nom de leur femme, car ce n'est pas possible d'acheter quand on est étranger, des voitures aussi, et qui viennent pleurer parce qu'on leur a tout pris. Ce ne sont pas des fables qu'on trouve sur internet, je l'ai vu de mes yeux.

Comme cette règle de la dot qu'ils vous ressortent, on doit donner des sommes importantes aux parents si on prend leur fille. Ça existait il y a deux cent ans... Et si ce n'est pas la dot, il y a toujours quelque chose : la récolte de riz qui est mauvaise, la mère qui doit se faire soigner à l'hôpital, il y a bien d'autres raisons de vous demander de l'argent en vous culpabilisant.

Moi-même, au début, j'ai trouvé une femme dont je suis tombé amoureux. Au bout de quelques temps, nous avons décidé d'emménager à Phuket. J'ai loué une maison, j'ai acheté du matériel de coiffure, tout un salon, pour que cette femme puisse travailler. Et à l'étage, salon de massage. Nous avons embauché quelques filles, aménagé l'ensemble pour que ce soit accueillant. Tout allait parfaitement bien.
Il a fallu que je fasse renouveler mon permis de séjour, et je suis sorti du pays, j'ai pris l'avion pour la Malaisie. Il fallait 48 heures pour avoir le visa. Je n'ai pas traîné, je suis revenu aussitôt. A l'aéroport, contrairement à ce qui était convenu, mon amie ne m'attendait pas. Arrivé à la maison, surprise, il n'y avait personne, c'était fermé et ma clé ne marchait plus. J'ai fait casser la serrure par un serrurier du coin. Ils n'avaient pas emporté le carrelage... Tout le reste était parti. J'ai interrogé toutes les personnes que nous connaissions dans le coin : maï ru, je ne sais pas...

Sa pause était terminée, il est retourné à son bureau. Ce genre de conversation laisse un goût amer. Et durable. Hier j'ai dû racheter un dessus de verre pour une table que j'avais cassée. Chez le vitrier, on m'a demandé justement trois cent bath. Pas grand chose, au fond. Mais je me suis demandé si le vrai prix n'était pas cent cinquante bath. Pendant que j'attendais, assis à la sortie, suant, que le verre soit coupé, un employé m'a vu. Il m'a dit : "fait chaud...", il a allumé le ventilateur et l'a dirigé vers moi. Je sais, ce n'est pas grand chose, et il ne payait pas l'électricité. Mais quand même...

Bon, mais pourquoi Fon a-t-elle choisit ce soir là pour me dire que son frère était en grosse difficulté, et qu'il avait besoin de cinq cents euros ?

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